marți, 26 februarie 2013

Mircea Ivănescu, Roumanie

de-a baba oarba

întunericul, Doamne, întunericul pe ochii larg
deschişi, care ar trebui să vadă, şi care
ar trebui să răsfrângă ceea ce este în jur, adevărat,
fals. – şi cu mâinile întinse. beznă.
adică nimic. mergând cu mâinile întinse
într-un gol, unde nu există mişcare. – doar că
să-ţi laşi bezna aceasta pe faţă – nimicul
aşteptând, veşted, în jur – şi mergi.
fără să mergi, fără să mergi – un timp care nu mai e timp.
şi la urmă, cineva aprinde lumina. a fost numai o glumă.
în jurul tău sunt obiectele la fel de adevărate,
şi ochii văd acum – şi mâinile, le-ai putea
întinde, să atingi unul sau altul din lucrurile
din jurul tău.

Din „Alte versuri”, Editura Eminescu, Bucuresti, 1972, p.146


à colin-maillard

les ténèbres, Dieu, les ténèbres sur les yeux grand
ouverts, et qui devriont voir, et qui
devriont refléter ce qu'il y a de vrai ou de faux
tout autour. - les mains tendues. et l'obscurité.
c'est à dire rien. marcher les mains tendues devant soi
dans un lieu vide où il n'y a aucun mouvement. - garder
l'obscurité sur ton visage - lorsque le rien
attend, flétri, de côté - et tu marches.
sans marcher, sans marcher - pendant quelque temps qui n'est plus temps.
et enfin, quelqu'un allume la lumière. c'était juste une blague.
autour de toi les objets sont à nouveau bien réels ,
et tes yeux voient maintenant - et tu peux
tendre les mains pour toucher les choses
qui t'entourent.

Traduit par Lucia Sotirova

duminică, 17 februarie 2013

Cantares


Tant de chants répétés sillonnent l'espace
et personne à les écouter
Du silence aux paroles il n'y a pas de chemin -
rien qu'un paysage éphémère

L'ombre d'une cigale
à l'ombre d'une feuille
Dans l'air -  aucun frémissement
Je marche parmi les chants de mon coeur
plus seule qu'au fond de l'océan...

D'un coeur à l'autre
il n'y a pas de chemin -
rien qu'un abîme de chants

sâmbătă, 16 februarie 2013

Supercalifragilis...

N-am murit, dar am trecut pe-acolo
şi oasele mele v-au îmbrăţişat
cu tam-tamuri de calciu şi flori,
v-am cîntat din fluierul piciorului
nocturna bucium cu jale memento mori
Mihai de la Ipoteşti, nici el n-a murit,
îmi umblă prin călcîiul lui Achil seară de seară,
îmi frunzăreşte memoria între două insomnii,
eu îi fur sîngele şi-l îmbrac în ferigi,
îi smulg somnul hermetic şi-l biocurent în beznă.
N-am murit, dar am trecut pe-acolo,
m-a pătruns ceva pe dinăuntru,
o simfonie beată-criţă, un amore dramatico,
nitroglicerină sub unghii
gata să mă stare de agregare, gata cu mine!
Dar am supra-pus-vieţuit,
dar am supra-ceea-ce-sînt:
gură de aur, metaforă între două limbi,
tăcere interimară,
găvan plin de salto-mortale.
Şi încă mai vremuiesc printre voi,
muchachos de 99 de ani,
încă mă mai tinctură pe răni,
ochi pentru ochi, axon pentru axon.
E frumos pe lume, nu mă dau,
mă duc la Acapulco să mă nălucă la geam,
că mi-e zborul stingere şi plînsul neplîngere -
stil antecedent, pruncă eram şi heruvim,
dar iată-mă năgîţ primavaratic gata să vă cînt pe viu
cealaltă jumătate de poezie.


sâmbătă, 9 februarie 2013

Octavian Paler, Roumanie

(1926 - 2007)

Définition du pas absent

Un seul pas nous sépare.
J'ignore si le pas absent
est le mien
ou le tien.
Tu restes d'un côté de la rive
moi - de l'autre
et entre nous coule la nuit.
Pour arriver si près
pour rester si loin
un seul pas nous sépare
et entre nous la nuit ne cesse pas de couler
dans le pas absent.
*
Perplexité

Tu dis, tranquillement, "vérité".
Ils te regardent et se taisent,
sans comprendre ce que tu veux dire,
mais parce qu'ils sont bien élevés,
ils te demandent: "combien ça coûte?"
Tu leur montres tes mains vides.
Mais ils ne comprennent plus ce geste
et, confus, veulent s'en aller.
Tu cours après eux et leur dis: "espérance".
Polis, ils s'arrêtent et te demandent
encore une fois: "combien ça coûte?"
Et toi, tu ne sais pas évaluer
l'espérance. Et tu te tais.

Traduit du roumain: Lucia Sotirova

luni, 4 februarie 2013

Click poétique :)

La poésie n'a plus besoin
d'une plume
mais d'un ordinateur.
Hébété d'être publié si vite
parmi des backgrounds, spams,
étoiles_anges_papillons
clicks de souris et photos
le poète fait naufrage
dans l'océan des ados.
L'écran plasma
est un conte bleu -
la lyrique ne sent plus le papier,
la forêt et les coquelicots -
elle est brisée en tessons!
Chaque internaute fait son choix:
une fleur de primevère, un grain d'écume,
un coin de la ville,
une tigelle de bouleau,
un chat somnolent au printemps...
Mais très souvent
personne ne passe par là,
on n'aime pas la poésie,
on rêve à l'amour sur le tchat.
Le poète est seul
et sage comme une image
il descend à une grande profondeur
dans les sites
et signe son oeuvre:
"Capitaine Némo" :)

sâmbătă, 2 februarie 2013

Lettre à la nature


Ce sera une lettre simple et vraie,
sans questions ni réponses,
car "Pour celui qui croit,
il n'existe pas de question
et pour celui qui ne croit pas,
il n'existe pas de réponse." (1)
C'est si beau de t'écrire tout simplement
et d'avoir confiance
dans l'harmonie des mots.
Je ne fais qu'écouter la voix du vent -
elle apporte à mes oreilles
le chant des feuillages,
le murmure de la pluie
et le rire des enfants:
ainsi je te parle.
J'apprends ton silence souterrain
et celui des cieux,
ton silence clair ou obscur -
c'est ton attente qui chante toujours
à travers cette étendue sans parole:
ainsi j'entends tes pensées
pour ôter leur fardeau.
Jusqu'aux sources du vent,
jusqu'au fond des abîmes,
jusqu'aux racines des eaux
ma mémoire tamise
la poussière blanche des jours
sous le ciel noir de la nuit -
c'est là que je t'écris.

Je t'ai rencontré sur mon chemin de nuages
et sur le chemin de terre dégélée,
sur un sentier perdu au coin d'un bois
et même quand mes pas ont été égarés.
Je t'ai croisé pour te perdre des yeux
au milieu de la foule indifférente.
Aujourd'hui je t'invente à nouveau
dans ma lettre simple et vraie
pour combler le vide,
pour oublier le passé.
Je te crée et je crois en toi,
naïve ou sage,
sans demain ni souvenirs
et sans rien désirer.
Je ne suis qu'une pensée sauvage
aux pétales tremblants
dans une saison étrange
où la chaleur et le froid
se mêlent, s'embrassent et se séparent
au seuil de l'été...
Je t'ai écrit une lettre simple et vraie
qui par la pluie de ton rire sera effacée.

(1.R. Wolfe)